leurre souple pour esox : le bull dawgs !

De nombreux pikers ont bien compris l’intérêt de rechercher les beaux brochets à l’aide de leurres hors du commun. Le bull dawg conçu par la firme américaine Muskies Innovations fait partie de cet attirail hors norme. À l’origine destinée à la pêche du musky, ce leurre souple méga attractif déferle depuis quelques années dans les meilleures eaux européennes pour la pêche du brochet.

un bull dawg c’est quoi au juste

Le nom évoque sans difficulté le chien célèbre et massif dont Winston Churchill était un fervent admirateur. Dire que le bull dawg est un leurre massif semble une évidence. Son gabarit hors norme fait de lui un objet d’exception. En fait, ce leurre est une référence incontournablé parmi les pêcheurs de muskies. Outre-Atlantique, il fait figure de leurre de base, efficace et extrêmement polyvalent. Cela fait maintenant un peu plus d’une dizaine d’années qu’il a été découvert par les pêcheurs anglais, et comme ces derniers voyagent pas mal pour assouvir pleinement leur passion, c’est rapidement toutes les meilleures eaux à brochets européennes qui ont été séduites par le bull dawg. Les Suédois, qui recherchent les brochets trophées en mer baltique, l’ont vite adopté. Les Irlandais n’ont pas été en reste et ont rapidement assimilé tout le potentiel de ce leurre. Pour ma part, c’est lors d’un ’récent voyage en Irlande, dont nous aurons l’occasion de reparler prochainement, que je pris réellement conscience de tout le potentiel et de la grande polyvalence de ce leurre. Dès le premier regard, le bull dawg attire l’attention. Cela ressemble vaguement à une grosse virgule à cause d’une queue en forme de faucille. L’appendice caudal est en effet très développé et présente une forme particulière lorsque l’on jette un regard un peu plus attentif. En effet, cet appendice ne présente pas qu’une simple forme effilée comme les virgules classiques. Chez le bull dawg, la queue se prolonge en tire-bouchon.A noter que sur la plupart des modèles, l’extrémité de l’appendice est légèrement bombée, ce qui facilite la mise en action rapide.
Mais ce leurre ne se limite pas, bien au contraire, à cette queue particulièrement mobile. Il se caractérise également par un corps massif et volumineux dans lequel est insérée une armature métallique en corde à piano qui sert à fixer l’armement ainsi que la plombée interne. Une des caractéristiques les plus importantes à mes yeux reste la forme plate du ventre du « leurre ». Cela lui confère une surface portante importante qui le stabilise parfaitement dans la colonne d’eau. Autre point particulier, l’œillet de fixation situé au niveau supérieur de la tête permet de maintenir un angle de traction en permanence à 45°. Tout cela confère au bull dawg, en dépit de son apparence un peu pataude, beaucoup de qualités en terme de nage. Il se comporte à merveille dans toute la colonne d’eau. Les bull dawgs se déclinent en plusieurs tailles. Les plus répandues pour traquer les gros becs vont de 6 à 9 pouces, mais il existe également une version magnum de 12 pouces (que personnellement je n’utilise pas). Pour l’anecdote, David Byrne, le responsable irlandais pour la promotion de la pêche, me confiait qu’il avait capturé une grosse truite de lac de 6 kilos dans un lac irlandais avec un modèle magnum.

Une densité exemplaire

Pour être précis, il convient de considérer le bull dawg comme une famille de leurres à part entière. En effet, s’il semble que le modèle original ait été conçu par la firme Muskies Innovations, de nombreux clones sont aujourd’hui présents sur le marché. Il est ainsi possible de trouver ces leurres sous l’appellation Daiwa Sonic Tail ou bien encore Strike Pro Ghost Tail. En France, par exemple, la société Pafex distribue depuis peu le Salure, qui reprend les caractéristiques physiologiques générales du modèle original. L’intérêt de ces différents clones, outre le fait qu’ils sont meilleur marché, réside dans la multitude de densités qu’ils offrent. En fait, le bull dawg est un leurre « count down », c’est-à-dire qu’il coule à une vitesse constante (variable en fonction des modèles mais souvent assez proche de 1 mètre toutes les trois secondes). Certains modèles descendent un peu plus rapidement vers le fond. Il y a beaucoup de choses qui me font apprécier ce leurre mais je trouve que sa descente lente vers le fond tout en convulsant langoureusement sa virgule en fait un supplice pour les brochets. En dehors de l’eau, ce grand leurre souple semble disproportionné et pataud. Dans l’eau, il présente contre toute attente d’exceptionnelles qualités nageantes.

Un potentiel d’animation incroyable

A la lecture de la presse halieutique américaine ou canadienne, ne soyez pas surpris si la traîne constitue une véritable institution. Traquer le musky par exemple est une longue affaire qui nécessite une patience énorme, surtout lorsque l’on pratique dans des biotopes immenses. Alors, si les muskies sont peu actifs dans les eaux peu profondes, il est souvent intéressant d’utiliser une traîne lente en eau profonde, qui s’avère très souvent la technique la plus efficace pour toucher quelques poissons. A l’étranger, notamment en Irlande, le bull dawg s’avère être un leurre de traîne fantastique pour piéger les gros brochets. Il n’y a aucune raison pour qu’il n’en soit pas de même en France dans les grands biotopes où cette technique est autorisée. Mais, même si elle est redoutablement efficace, il n’en demeure pas moins vrai qu’elle est beaucoup moins fun que le casting ou le spinning. Il est tout à fait possible de lancer les bull dawgs de 6 à 9 pouces. Pour les modèles de taille supérieure, il faut bien admettre que cela devient rapidement pénible, sauf à avoir des "épaules de déménageur". Cela nécessite en tous les cas un matériel parfaitement adapté.

Les bonnes tactiques

Le bull dawg est un leurre incroyablement polyvalent. Il est possible de l’utiliser avec une récupération lente ou rapide, sous la surface pour les modèles légers ou à des profondeurs beaucoup plus importantes. Quelques techniques spécifiques ont cependant fait leur preuve :
Au printemps, les brochets sont souvent positionnés dans les couches d’eau intermédiaires. Ils sont souvent postés dans la végétation aquatique en pousse (bacs de nénuphars par exemple). Un bull dawg ramené à vitesse constante juste au-dessus des herbiers a toutes les chances de trouver preneur lorsque les
brochets se mettent en activité. Les brochets sont souvent difficiles à faire bouger lorsque, au passage d’un front froid, ils se réfugient dans les herbes aquatiques en attendant des heures meilleures. Le poisson fourrage, lui-même peu à l’aise, navigue en bancs parfois importants à proximité immédiate des structures (végétaux, rochers ou arbres noyés par exemple). Une bonne méthode pour réveiller l’ardeur des brochets consiste à faire passer le bull dawg au travers des bancs de poissonnets et de simuler ainsi l’attaque de carnassiers. Pour ce faire, rien de mieux que d’utiliser le leurre comme un jerkbait. Après le lancer, lorsque le leurre est à la bonne profondeur, il convient d’effectuer deux ou trois tirées de forte amplitude. Ces manœuvres simulent à la perfection l’attaque de prédateurs et inquiètent et paniquent rapidement le poisson fourrage. Tout cela contribue, à mon humble avis, à déclencher rapidement l’agressivité des brochets mis en compétition par des prédateurs inconnus.